lundi 27 février 2012

Football et dépenses publiques


Comme tous citoyens, je suis choqué par les dépenses publiques superflues, du style douze souffleuses géantes qui fonctionnent pendant 3 jours pour réchauffer une pelouse afin qu'un match de foot professionnel puisse avoir lieu. Clairement, faut pas déconner. Quand il fait -15°, je pense qu'on a autre chose de plus utile à foutre. Réchauffer une pelouse pendant que des sans-abris meurent dans la rue !!! Mais on va où là ?! C'est un scandale.

Aussi bien au niveau éthique que moral, c'est aberrant.
Mais mettons qu'on veuille entrer dans cette logique du divertissement qui prend le pas sur toute humanité.  Même dans ce cas là, quand il fait -15°, qui va au stade pour voir un match de foot et donc rester à se geler les c... en étant immobile sur une chaise glaciale ?? Quelle recette de billeterie peut bien faire un match pareil ? N'imp donc. Et puis, parlons même de la qualité du spectacle proposé. Le football par -15° sur pelouse dur comme du béton, c'est un peu extrême... des conditions pareilles ne font qu'amplifier par 100 les risques de blessures !! Je ne sais pas combien d'entre vous ont déjà porté des chaussures de foot à crampons, mais croyez-moi, autant c'est tout à fait adapté sur une pelouse normale, autant courir avec sur un sol gelé (je me répète mais comme du béton quoi) c'est extrêmement compliqué et instable.
Bref, une vaste blague que ceci. Ça n'a été bon pour personne, ni pour les clubs de foot qui risquaient de perdre leur joueurs sur blessure pour ne pas gagner le moindre centime sur la billetterie (qui est partagée avec la commune puisque je rappelle qu'en France, les stades appartiennent aux collectivités, en-dehors du contre-exemple d'Auxerre où l'AJA possède le stade de l'Abbé-Deschamps). Les collectivités n'ont donc rien gagné non plus alors qu'au niveau économie d'énergie, 12 souffleuses géantes pendant 3 jours, ça doit être salée comme addition... Le spectacle était pourri, cela va sans dire. Et pendant ce temps, les sans-abris et autres SDF étaient toujours dans la rue, sans souffleuse pour les réchauffer.
Bref.


Passons aux dépenses en vue de l'organisation de l'Euro 2016.

Première question qu'il faut se poser : est-il rentable d'organiser l'Euro ?
Là, je suis obligé de dire OUI !!!

Il y a d'un coté les recettes liées à la billeterie qui n'est qu'une goutte dans la mare, mais tout de même, les recettes des droits TV pour le monde entier qui sont détenues par l'UEFA mais dont un pourcentage est reversé à l'état français via la FFF. C'est difficile à croire peut-être, mais après la coupe du monde, les JO et le tour de France, l'Euro est le 4eme évènement sportif le plus regardé au monde en audience cumulée (pour les évènement ponctuels, le Superbowl est roi). Rien que grâce aux droits TV couplés aux publicités pendant les matchs, il y a de l'oseille en pagaille à se faire...

Au-delà de ça, cet évènement déplace beaucoup de monde. Pendant le mois de compétitions, les supporters de toutes les nations européennes présentes vont affluer par centaines de milliers. Des gens qui vont donc donner un coup de boost incroyable à l'économie locale pour les régions qui accueillent des matchs. Pas besoin de vous faire un dessin, une ville qui reçoit ne serait-ce que 5 matchs, peut accueillir donc potentiellement les supporters de 10 nations différentes. Ces gens vont dormir à l'hotel, dépenser pour se nourrir et visiter les villes en attendant les matchs... Là encore, une montagnes de pognon à se faire.


Autre point, comme dit, en France, les infrastructures comme les stades et les gymnases appartiennent aux collectivités, ce qui n'est pas le cas chez tous nos amis européens comme en Angleterre ou en Espagne (je cite les exemple que je connais...). Les dépenses pour ces infrastructures ne sont donc pas en pures pertes. Les clubs louent d'une certaines façon ces stades, s'occupent souvent de leur entretien et partagent les recettes de billetterie avec les villes.
Pour 1998, la France a fait une erreur en faisant du bricolage avec les stades pour accueillir le mondial. Les "ravalements de façade" effectués ont coûté beaucoup d'argent pour donner l'illusion de modernisme, mais c'était de la poudre aux yeux ; nos stades sont des épaves (aller donc voir la Meinau...). Je ne parlerai pas du Stade de France, un joli écrin qui vieillit vite, adaptable pour différents évènements mais donc inadapté au football et sans club résident...
Je sais que la comparaison devient pénible, mais les allemands ont fait un tout autre choix pour le mondial 2006. Ils ont refait à neuf leur "parc" de stades et les conséquences sont excellentes. Enceintes modernes et adaptées (avec centre commerciale et restaurants...) signifient augmentation du prix du billet certes, et conséquence, moins de problèmes de hooliganisme, plus grande capacité d'accueil et aussi plus de marge sur la billetterie pour les clubs et la collectivité...
Ainsi, depuis quelques années, la France marche sur les pas de l'Allemagne à ce niveau aussi. Sochaux, Grenoble, Lyon, Lilles et j'en passe, les nouveaux stades sortent de sol partout sur le territoire.


 En définitive, je dois avouer que comme l'a fort judicieusement fait remarquer Morigan en citant Jérôme Latta, rédacteur en chef des Cajiers du Football, en dehors de toutes considérations économiques (du genre rentable ou pas rentable ?), le fait que l'argent public soit très largement utilisé dans l'intérêt de groupe privé souligne une incohérence quant à l'utilisation faite de l'apport du contribuable. Les bénéfices pour nous sont relativement limités. Ah si, ceux qui iront dans un stade auront la chance de s'assoir sur une chaise d'une jolie couleur et un peu plus confortable...

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