Comme tous citoyens, je suis choqué par les dépenses
publiques superflues, du style douze souffleuses géantes qui fonctionnent
pendant 3 jours pour réchauffer une pelouse afin qu'un match de foot
professionnel puisse avoir lieu. Clairement, faut pas déconner. Quand il fait
-15°, je pense qu'on a autre chose de plus utile à foutre. Réchauffer une
pelouse pendant que des sans-abris meurent dans la rue !!! Mais on va où là ?!
C'est un scandale.
Aussi bien au niveau éthique que moral, c'est aberrant.
Mais mettons qu'on veuille entrer dans cette logique du
divertissement qui prend le pas sur toute humanité. Même dans ce cas là, quand il fait -15°, qui
va au stade pour voir un match de foot et donc rester à se geler les c... en
étant immobile sur une chaise glaciale ?? Quelle recette de billeterie peut
bien faire un match pareil ? N'imp donc. Et puis, parlons même de la qualité du
spectacle proposé. Le football par -15° sur pelouse dur comme du béton, c'est
un peu extrême... des conditions pareilles ne font qu'amplifier par 100 les
risques de blessures !! Je ne sais pas combien d'entre vous ont déjà porté des
chaussures de foot à crampons, mais croyez-moi, autant c'est tout à fait adapté
sur une pelouse normale, autant courir avec sur un sol gelé (je me répète mais
comme du béton quoi) c'est extrêmement compliqué et instable.
Bref, une vaste blague que ceci. Ça n'a été bon pour
personne, ni pour les clubs de foot qui risquaient de perdre leur joueurs sur
blessure pour ne pas gagner le moindre centime sur la billetterie (qui est
partagée avec la commune puisque je rappelle qu'en France, les stades
appartiennent aux collectivités, en-dehors du contre-exemple d'Auxerre où l'AJA
possède le stade de l'Abbé-Deschamps). Les collectivités n'ont donc rien gagné
non plus alors qu'au niveau économie d'énergie, 12 souffleuses géantes pendant
3 jours, ça doit être salée comme addition... Le spectacle était pourri, cela
va sans dire. Et pendant ce temps, les sans-abris et autres SDF étaient
toujours dans la rue, sans souffleuse pour les réchauffer.
Bref.
Passons aux dépenses en vue de l'organisation de l'Euro
2016.
Première question qu'il faut se poser : est-il rentable
d'organiser l'Euro ?
Là, je suis obligé de dire OUI !!!
Il y a d'un coté les recettes liées à la billeterie qui
n'est qu'une goutte dans la mare, mais tout de même, les recettes des droits TV
pour le monde entier qui sont détenues par l'UEFA mais dont un pourcentage est
reversé à l'état français via la FFF. C'est difficile à croire peut-être, mais
après la coupe du monde, les JO et le tour de France, l'Euro est le 4eme
évènement sportif le plus regardé au monde en audience cumulée (pour les
évènement ponctuels, le Superbowl est roi). Rien que grâce aux droits TV couplés aux publicités pendant les matchs, il y a de l'oseille en pagaille à se
faire...
Au-delà de ça, cet évènement déplace beaucoup de monde.
Pendant le mois de compétitions, les supporters de toutes les nations
européennes présentes vont affluer par centaines de milliers. Des gens qui vont
donc donner un coup de boost incroyable à l'économie locale pour les régions
qui accueillent des matchs. Pas besoin de vous faire un dessin, une ville qui
reçoit ne serait-ce que 5 matchs, peut accueillir donc potentiellement les
supporters de 10 nations différentes. Ces gens vont dormir à l'hotel, dépenser
pour se nourrir et visiter les villes en attendant les matchs... Là encore, une
montagnes de pognon à se faire.
Autre point, comme dit, en France, les infrastructures comme
les stades et les gymnases appartiennent aux collectivités, ce qui n'est pas le
cas chez tous nos amis européens comme en Angleterre ou en Espagne (je cite les
exemple que je connais...). Les dépenses pour ces infrastructures ne sont donc
pas en pures pertes. Les clubs louent d'une certaines façon ces stades,
s'occupent souvent de leur entretien et partagent les recettes de billetterie
avec les villes.
Pour 1998, la France a fait une erreur en faisant du
bricolage avec les stades pour accueillir le mondial. Les "ravalements de
façade" effectués ont coûté beaucoup d'argent pour donner l'illusion de
modernisme, mais c'était de la poudre aux yeux ; nos stades sont des épaves
(aller donc voir la Meinau...). Je ne parlerai pas du Stade de France, un joli
écrin qui vieillit vite, adaptable pour différents évènements mais donc
inadapté au football et sans club résident...
Je sais que la comparaison devient pénible, mais les
allemands ont fait un tout autre choix pour le mondial 2006. Ils ont refait à
neuf leur "parc" de stades et les conséquences sont excellentes.
Enceintes modernes et adaptées (avec centre commerciale et restaurants...)
signifient augmentation du prix du billet certes, et conséquence, moins de
problèmes de hooliganisme, plus grande capacité d'accueil et aussi plus de
marge sur la billetterie pour les clubs et la collectivité...
Ainsi, depuis quelques années, la France marche sur les pas
de l'Allemagne à ce niveau aussi. Sochaux, Grenoble, Lyon, Lilles et j'en
passe, les nouveaux stades sortent de sol partout sur le territoire.
En définitive, je dois avouer que comme l'a fort judicieusement fait remarquer Morigan en citant Jérôme Latta, rédacteur en chef des Cajiers du Football, en dehors de toutes considérations économiques (du genre rentable ou pas rentable ?), le fait que l'argent public soit très largement utilisé dans l'intérêt de groupe privé souligne une incohérence quant à l'utilisation faite de l'apport du contribuable. Les bénéfices pour nous sont relativement limités. Ah si, ceux qui iront dans un stade auront la chance de s'assoir sur une chaise d'une jolie couleur et un peu plus confortable...
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