lundi 27 février 2012

Où va l'équipe de France ?

Après les six années de l'ère Domenech (hé encore, heureusement que Zidane, Thuram et Makélélé sont revenus quand l'équipe était à deux doigts de l'élimination aux qualifs pour le Mondial 2006), l'équipe de France partait de très, mais alors très très loin.
Passons sur le symbolique incident de Knysna, sur les pitoyables éliminations dès le premier tour de l'Euro 2008 et du Mondial 2010, sur la fracture entre les supporteurs traumatisés par un niveau de jeu famélique comme par l'attitude de pseudo-stars, au mieux antipathiques, au pire faisant les premières pages des journaux pour des affaires de moeurs ; oublions la communication calamiteuse de l'ancien sélectionneur pour qui une défaite contre la Chine pouvait contenir du positif et qui n'a rien trouvé de mieux que de demander en mariage sa petite amie le soir même d'une humiliation contre l'Italie, après avoir osé un "l'Euro était une préparation à la coupe du monde, le véritable objectif est devant nous...". Personne lui a dit que c'était une compétition majeure, pas un entrainement !!!
Allez, laissons tout ceci derrière nous.

Près de deux ans plus tard, comment va-t-elle cette équipe de France ?
Sans préjugé de l'issu de l'Euro qui débute dans 3 mois, après tout la Grèce a bien gagné en 2004 en battant les trois favoris coup sur coup, on peut dire qu'en terme d'image et de qualité de jeu, c'est pas folichon. Quand je mentionne la Grèce, c'est clairement dédaigneux envers eux, mais finalement, eux avaient un plan de jeu ; ces gars avaient mis en place une stratégie claire adaptée à leurs forces comme à leurs faiblesses. C'est plus qu'honorable.
Laurent Blanc est en place depuis un an et demi. L'équipe a enchainé 16 matchs sans défaites, je crois, et elle est la deuxième ou troisième meilleure défense des éliminatoires. Jusque là, très bien ! Le problème, vous l'avez compris, c'est la manière.

Sur le plan du jeu, quelles sont nos certitudes ?
D'abord, comme je viens de le mentionner, cette équipe sait défendre. Mais ses adversaires étaient loin d'être des foudres de guerre : l'Albanie, la Bosnie, la Roumanie... Vous pourrez me dire qu'on a battu l'Angleterre en novembre 2010 et même le Brésil en février 2011 de mémoire, mais c'était des équipes bis, voire bis'. Le meilleur attaquant qu'on ait rencontré en face c'était Hulk (si au moins c'était le superhéros !), qui s'il demeure un buteur de qualité, ne fait pas encore parti des cadors, ça se saurait.
Je ne veux pas ne faire que cracher dans la soupe, des points positifs, il y en a. On possède cinq ou six gardiens de très grandes qualités quand l'Angleterre en recherche désespérément un seul. Lloris et Mandanda faisant même tous deux partis du gratin mondial.
On a également la chance d'avoir Benzema dans nos rangs, ce gars s'améliore d'années en années et pourrait sans problème claquer ses 40 buts par saison avec une équipe qui "ne jouerait que pour lui", sauf qu'au Real, il est un excellent joueur comme un autre dans l'ombre de Christiano Ronaldo.
On a un sélectionneur charismatique, c'est classe. En plus, on le comprend quand il parle.
On est qualifié pour l'Euro.
Euhhhhhhh, c'est tout ? Oui, c'est tout.

Alors, qu'est-ce qui va pas avec ces mecs finalement ?
Après une décennie de rêve éveillé, où Maradona pouvait dire "chaque fois que je me renseigne sur un joueur qui m'épate, on me répond qu'il est français", il faut bien avouer que le niveau des joueurs composant l'équipe de France est bien en deçà de ses glorieuses devancière. Entre 1996 et 2006, un joueur français (quand ce n'était pas deux ou plus) faisait parti des 3 meilleurs mondiaux à son poste (Barthez, Thuram, Dessailly, Gallas, Blanc, Lizarazu, Vieira, Makélélé, Zidane, Pirès, Henry, Trezeguet, Anelka...). Désormais, force est de constater qu'à part nos gardiens et Benzema, c'est un peu le désert. Ribéry est inconstant, son jeu est caricatural (il cours tout vite et le temps qu'il relève la tête, il n'a plus qu'à passer la balle au gardien adverse pour un dégagement au 6 mètres...). Nasri ne parvient pas à exploser au niveau international. Gourcuff est le symbole d'une génération d'émo-footballeur, il est plus que dépressif. Méxès est l'un des meilleurs défenseur centraux que j'ai observé de ma vie, mais il n'est pas épargné par les blessures. Evra a la tête plus large que les portes de Wembley. Abidal est une farce, il est si bien entouré au Barca qu'il parvient à faire croire au monde qu'il est un bon joueur (mais je me souviens de ses matchs en équipe de France moi!!). Valbuena réussit surtout à tomber (et pourtant je suis fan de l'OM). Etc...
Le problème n'est pourtant pas dû qu'aux joueurs. Les allemands n'ont pas de joueurs meilleurs que les nôtres. Mais eux jouent au football. Oui, au football. Vous savez, le jeu collectif qui consiste à faire des passes pour déséquilibrer la défense adverse afin de la transpercer et tenter sa chance devant le but... Notre jeu à nous est stéréotypé ; nos joueurs tentent chacun leur tour de passer de façon individuelle, se fatiguent, s'énervent et finissent par baisser les bras. Que fout Laurent Blanc pendant les entrainements, je voudrais bien le savoir. S'il met en place des combinaisons, des enchainements, en tout cas je ne les ai pas vu pendant les deux dernières années, pas plus que sous l'ère Domenech. Je sais qu'avoir un joueur tel que Zidane pendant 12 ans ça rendait les choses simples; pas besoin d'imaginer des combinaisons, notre meneur était la créativité pure (en terme de dribble il se défendait plus que bien, mais je parle de créativité tactique), il savait provoquer par un positionnement dans l'intervalle et par une passe, le décalage qui déstabilise une défense. Alors oui, ne plus avoir Zidane, ça signifie qu'il faut se remettre au boulot, réapprendre à jouer au football sans s'en remettre à un meneur. Ah oui, il faut aussi arrêter de lui chercher un remplaçant : on a traumatisé à vie Gourcuff, on descend Nasri, Ribéry a peur de jouer au centre, Menez ne sait pas faire une passe en avant, Martin est trop tendre encore et Ben Arfa est un intermittent du spectacle (malgré un potentiel technique illimité)... Bref, il faut revenir aux fondamentaux, je parle même pas de jeu à la nantaise, non, juste de football...

Va-t-il enfin leur donner des consignes...?

L'autre gros problème, c'est la relation Blanc-Le Graet. C'est un secret pour personne, le sélectionneur et le président de la fédération française de football ne sont pas tout à fait sur la même longueur d'onde. Il y a eu l'affaire des quotas pour embarrasser tout le monde, mais ça a surtout montrer que Le Graet ne savait pas protéger sa fédération et son sélectionneur. Où est le mal à dire que c'est un problème de voir 60% des joueurs formés en France et faisant parti des équipes de France de jeunes, faire le choix de jouer pour leur pays d'origine ? Bien sûr, s'ils font ce choix, c'est que l'équipe de France A ne leur était pas ouverte une fois arrivée à maturité, qu'ils n'avaient donc pas le niveau, qu'il n'y a de place que pour 23 joueurs, pas 150. Mais voir que la formation française sert les sélections étrangères, c'est dérangeant quand même, non ?
Cette histoire n'aurait jamais dû sortir, ni avoir le traitement qui en a été fait, et ça, c'est de la faute à Le Graet.
Attention, Laurent Blanc a ses tords aussi. Son staff technique est bien trop important, en personnel et en salaire pour des gens qui bossent que peu finalement. Sérieusement, le boulot de Laurent Blanc et ses adjoints, c'est quand même de mater des matchs de foot toute la sainte journée !!! Même pas d'aller au stade, non, il peut le faire sur son canapé, hein ! Un sélectionneur national n'a pas du tout le même travail qu'un entraineur de club qui lui est au quotidien avec ses joueurs, sur le terrain. Le sélectionneur, matent des matchs, choisit des joueurs, explique ses choix, met en place un plan de jeu et des combinaisons (normalement en tout cas...). A-t-il vraiment besoin de 1 200 000 euros par an pour ça ? (c'est-à-dire 300 000 de plus que Domenech !)
Ce qui énerve Le Graet là dedans, c'est que lui n'est pas vraiment un pro génération 98 et en plus, Laurent Blanc a été choisi et a paraphé son contrat avec Escalettes, l'ancien président de la fédé... Vous voyez l'embrouille ? "De toute façon, c'est même pas moi qui t'ai choisi..."
Et puis le souci, c'est qu'avec Domenech, on a payé pour voir. En 2008, on lui a renouvelé son contrat avant le début de l'Euro, du coup, on l'a eu bien dans le baba ensuite pour s'en débarrasser, avec sa prime de licenciement à 4M... Seulement voilà, le contrat de Laurent Blanc s'arrête après l'Euro et il ne sait pas de quoi son avenir sera fait ensuite. S'il doit choisir une destination, autrement dit un club, c'est maintenant et pas au mois de juillet. S'il attend ce moment là, il restera en rade, il le sait. On est donc coincé : pas question de prolonger L. Blanc pour ses beaux yeux, si l'équipe de France se vautre, on aurait l'air con, mais sans garantie d'aucune sorte, lui va aller voir ailleurs (l'Inter Milan ??).
Personnellement, je reproche aussi au sélectionneur sa communication négative. Je refuse d'entendre "sortir du groupe serait déjà un exploit". On est quand même l'équipe de France quoi ! Évidemment, on est pas au niveau de l'Espagne, l'Allemagne ou les Pays-Bas (les favoris), mais on fait quand même parti du groupe des outsiders avec le Portugal, l'Italie et l'Angleterre. Faut y aller avec ambition.

 Dans deux jours, la France affronte l'Allemagne, on peut espérer en savoir un peu plus après ce match amical, mais je pense qu'on aura pas avancé d'un pas...

Football et dépenses publiques


Comme tous citoyens, je suis choqué par les dépenses publiques superflues, du style douze souffleuses géantes qui fonctionnent pendant 3 jours pour réchauffer une pelouse afin qu'un match de foot professionnel puisse avoir lieu. Clairement, faut pas déconner. Quand il fait -15°, je pense qu'on a autre chose de plus utile à foutre. Réchauffer une pelouse pendant que des sans-abris meurent dans la rue !!! Mais on va où là ?! C'est un scandale.

Aussi bien au niveau éthique que moral, c'est aberrant.
Mais mettons qu'on veuille entrer dans cette logique du divertissement qui prend le pas sur toute humanité.  Même dans ce cas là, quand il fait -15°, qui va au stade pour voir un match de foot et donc rester à se geler les c... en étant immobile sur une chaise glaciale ?? Quelle recette de billeterie peut bien faire un match pareil ? N'imp donc. Et puis, parlons même de la qualité du spectacle proposé. Le football par -15° sur pelouse dur comme du béton, c'est un peu extrême... des conditions pareilles ne font qu'amplifier par 100 les risques de blessures !! Je ne sais pas combien d'entre vous ont déjà porté des chaussures de foot à crampons, mais croyez-moi, autant c'est tout à fait adapté sur une pelouse normale, autant courir avec sur un sol gelé (je me répète mais comme du béton quoi) c'est extrêmement compliqué et instable.
Bref, une vaste blague que ceci. Ça n'a été bon pour personne, ni pour les clubs de foot qui risquaient de perdre leur joueurs sur blessure pour ne pas gagner le moindre centime sur la billetterie (qui est partagée avec la commune puisque je rappelle qu'en France, les stades appartiennent aux collectivités, en-dehors du contre-exemple d'Auxerre où l'AJA possède le stade de l'Abbé-Deschamps). Les collectivités n'ont donc rien gagné non plus alors qu'au niveau économie d'énergie, 12 souffleuses géantes pendant 3 jours, ça doit être salée comme addition... Le spectacle était pourri, cela va sans dire. Et pendant ce temps, les sans-abris et autres SDF étaient toujours dans la rue, sans souffleuse pour les réchauffer.
Bref.


Passons aux dépenses en vue de l'organisation de l'Euro 2016.

Première question qu'il faut se poser : est-il rentable d'organiser l'Euro ?
Là, je suis obligé de dire OUI !!!

Il y a d'un coté les recettes liées à la billeterie qui n'est qu'une goutte dans la mare, mais tout de même, les recettes des droits TV pour le monde entier qui sont détenues par l'UEFA mais dont un pourcentage est reversé à l'état français via la FFF. C'est difficile à croire peut-être, mais après la coupe du monde, les JO et le tour de France, l'Euro est le 4eme évènement sportif le plus regardé au monde en audience cumulée (pour les évènement ponctuels, le Superbowl est roi). Rien que grâce aux droits TV couplés aux publicités pendant les matchs, il y a de l'oseille en pagaille à se faire...

Au-delà de ça, cet évènement déplace beaucoup de monde. Pendant le mois de compétitions, les supporters de toutes les nations européennes présentes vont affluer par centaines de milliers. Des gens qui vont donc donner un coup de boost incroyable à l'économie locale pour les régions qui accueillent des matchs. Pas besoin de vous faire un dessin, une ville qui reçoit ne serait-ce que 5 matchs, peut accueillir donc potentiellement les supporters de 10 nations différentes. Ces gens vont dormir à l'hotel, dépenser pour se nourrir et visiter les villes en attendant les matchs... Là encore, une montagnes de pognon à se faire.


Autre point, comme dit, en France, les infrastructures comme les stades et les gymnases appartiennent aux collectivités, ce qui n'est pas le cas chez tous nos amis européens comme en Angleterre ou en Espagne (je cite les exemple que je connais...). Les dépenses pour ces infrastructures ne sont donc pas en pures pertes. Les clubs louent d'une certaines façon ces stades, s'occupent souvent de leur entretien et partagent les recettes de billetterie avec les villes.
Pour 1998, la France a fait une erreur en faisant du bricolage avec les stades pour accueillir le mondial. Les "ravalements de façade" effectués ont coûté beaucoup d'argent pour donner l'illusion de modernisme, mais c'était de la poudre aux yeux ; nos stades sont des épaves (aller donc voir la Meinau...). Je ne parlerai pas du Stade de France, un joli écrin qui vieillit vite, adaptable pour différents évènements mais donc inadapté au football et sans club résident...
Je sais que la comparaison devient pénible, mais les allemands ont fait un tout autre choix pour le mondial 2006. Ils ont refait à neuf leur "parc" de stades et les conséquences sont excellentes. Enceintes modernes et adaptées (avec centre commerciale et restaurants...) signifient augmentation du prix du billet certes, et conséquence, moins de problèmes de hooliganisme, plus grande capacité d'accueil et aussi plus de marge sur la billetterie pour les clubs et la collectivité...
Ainsi, depuis quelques années, la France marche sur les pas de l'Allemagne à ce niveau aussi. Sochaux, Grenoble, Lyon, Lilles et j'en passe, les nouveaux stades sortent de sol partout sur le territoire.


 En définitive, je dois avouer que comme l'a fort judicieusement fait remarquer Morigan en citant Jérôme Latta, rédacteur en chef des Cajiers du Football, en dehors de toutes considérations économiques (du genre rentable ou pas rentable ?), le fait que l'argent public soit très largement utilisé dans l'intérêt de groupe privé souligne une incohérence quant à l'utilisation faite de l'apport du contribuable. Les bénéfices pour nous sont relativement limités. Ah si, ceux qui iront dans un stade auront la chance de s'assoir sur une chaise d'une jolie couleur et un peu plus confortable...